05/01/2017
Histoire du Trophée
J’avais à peine 16 ans
quand mes 2 meilleurs copains de Collège,
plus âgés, ont acheté chacun une R8 Gordini.
L’un des vendeurs avait fermement conseillé :
"il faut aller au Mas du Clos à la Pentecôte !"
C’était en 1978,
c’était la seule sortie circuit existante alors,
réunissant 200 R8 Gordini (et que des vraies !)
sous la bannière du Club Gordini de Gérard DOLET.
Quel choc !
un vrai Woodstock de la Gorde pendant 2 jours,
appels de phares et pot piste dans les rues d’Aubusson,
camping sur le circuit,
le pied !
Forcément dès que j’ai commencé à bosser
je me suis payé ma Gorde,
la Bleue que je possède toujours,
avec laquelle je me précipitais tous les ans au Mas du Clos.
C’est là, en 1988,
que je fis une rencontre déterminante :
Philippe ARMAND, Vainqueur du Trophée Gordini 1987,
récemment rendu célèbre par une interview dans Mille Miles.
Bravant le risque d’excommunication du CAR
pour participation à une sortie d’un club "concurrent" (!),
il n’avait pas hésité à venir par la route avec sa Gorde de course.
Etant tous les 2 bavards,
nous nous retrouvions forcément les derniers
à quitter le circuit le Samedi soir
…Phil étant à la fois en panne d’embrayage et de levier de vitesse (!),
il m’aborde alors pour me demander
si je veux bien le suivre jusqu’à l’auberge
de Crocq ou se tient le diner,
au cas où il tomberait en panne définitive…
A l’époque rien n’arrête le Gordiniste
(et surtout pas Phil) Démarrage en prise,
passage de vitesses à la volée avec un tournevis
"en guise de levier de vitesses"
et nous voilà tous les deux à Crocq,
en train de distribuer des exemplaires de "VEC",
le magazine ou officiait Raymond MARESCOT,
par ailleurs créateur du Trophée Gordini.
C’est comme ça que j’allais intégrer
le petit monde du rallye VEC,
en assurant l’assistance du fameux équipage
"Philippe ARMAND-Yves BLIN"
tous deux membres très actifs du CAR ile de France,
qui aura aussi un grand rôle dans la suite de mes aventures.
C’était la grande époque du Trophée en Rallye,
avec notamment le "gang" des Avignonnais,
emmené par Guy Mousset et ses frères,
fils, femme, neveux, ses amis Doux père et fils
et un peu plus tard Sylvain Stepak qui évoluera vers les sommets
de la compétition historique.
Tout ce petit monde n’engendrait pas la mélancolie,
d’autant que les Mousset, vignerons de leur état,
emportaient toujours dans leurs voitures d’assistance
des échantillons de leur production…
Comment dans cette ambiance
ne pas avoir envie de franchir le pas
en passant derrière le volant ?
J’étais motivé,
mon pote Christian décidé à copiloter,
il n’y avait plus qu’à équiper la Gorde..
Avant de commencer à percer des trous partout
et à souder des renforts sur ma voiture toute d’origine,
Philippe me proposait le prêt de sa Gordini de course
pour faire mon premier Rallye !
Bingo !
Sur les conseils avisés de Philippe et du regretté Yves,
il fût décidé que le meilleur choix
pour débuter était le Rallye des Vins Mâcon.
Génial !
Mon premier Rallye, en Gordini, avec des potes,
ça s’annonce plutôt bien.
Une semaine avant le Rallye,
le CAR organise une journée circuit à Montlhéry:
idéal pour prendre en main la voiture de Philippe
et valider le récent remplacement du joint de culasse.
Et c’est précisément ce joint de culasse neuf
qui m’empêchera de faire plus de 2 tours,
la température d’eau s’envolant très vite
au-delà des 110°C.
Le verdict tombe au démontage :
il aurait fallu rectifier la culasse avant de changer le joint...
Ça parait mal barré, le temps va manquer,
on essaye de trouver une solution :
"piquer" le moteur de ma Gorde ?
refaire celui-là ? Finalement le génial Yves,
toujours le cœur sur la main lâche :
"J’ai un 1255 tout neuf remonté par Beauzon,
çà le fera tourner"
C’est comme ça qu’on s’est retrouvé
au départ du rallye des Vins Macon,
fin Mai 1990, avec la voiture de Philippe,
le moteur d’Yves,
le plateau d’Yves tracté par la voiture d’un collègue
de boulot et la combinaison de pilote de Jean Jacques Mancel !
C’était vraiment la débrouille,
on utilisera bien entendu les notes de l’année précédente
et c’est Yves qui apprendra à Christian
les notions essentielles du copilotage.
De son côté Phil copilotait notre ami Richard GIL
dans ce rallye,
probablement pour avoir un œil sur sa voiture.
Les concurrents VEC du rallye des Vins Mâcon
étaient très bien accueillis, notamment avec le concours du CFA
(formation des apprentis) qui, cette année-là,
nous proposa de passer nos autos au banc de puissance
le Vendredi avant la mise en parc fermé.
C’était motivant pour les jeunes apprentis
de voir autre chose que des 205 diesel
et c’était l’occasion pour nous de valider la "préparation"
de nos moteurs. On n’allait pas être déçus !
Alors que le petit 1255 d’origine d’Yves affichait un très honorable 87 ch DIN,
les résultats étaient loin d’être aussi homogène pour les 1296..
Richard GIL, avec sa rigueur Alsacienne,
était très satisfait des 96 ou 98 ch affichés par son moteur
équipé du fameux kit 1296 Renault d’époque.
Ses résultats en course prouveront que cette "vraie" puissance
était suffisante pour être devant.
Par contre un certain nombre de Gordinistes du sud "tombaient de l’armoire",
leurs maxi 1296 préparés à grands frais
chez divers préparateurs descendants de pécheurs
de sardine Marseillais,
n’affichaient pas les puissances à 3 chiffres espérées...
on a bien rigolé !
Curieusement je n’ai que peu de souvenirs des spéciales,
on s’est probablement traînés en cumulant inexpérience du pilotage,
interprétation des notes et appréhension
de casser le matériel prêté.
Du reste notre principale peur concernait
plutôt la caisse un peu fatiguée par plusieurs saisons
et de nombreux "ressoudages".
Nous avons probablement été le seul équipage
à ne pas décoller sur la fameuse bosse du Col des Enceints,
de peur que la caisse ne plie à la réception !
Finalement c’est le moteur qui finira par casser le Dimanche matin,
à l’arrivée de la première spéciale de la deuxième étape !
Les 4 sièges des soupapes d’admission ayant décidé de reprendre leur liberté,
je vous laisse imaginer la salade de soupapes
et le massacre dans la culasse...
Yves ne m’en voudra pas,
incriminant un probable mauvais montage des sièges
pourtant réalisé dans un atelier réputé.
Je lui fournirai une culasse en bon état
pour remonter son moteur,
me sentant malgré tout responsable.
Il me restera de cette première expérience inachevée
le souvenir d’une ambiance fantastique
et l’envie irrépressible de continuer.
Ma décision était prise :
on allait monter une Gorde de course
(pour éviter d’abîmer ma Gorde d’origine)
et la discussion du voyage retour vers l’Ile de France fût très animée,
échafaudant plusieurs scénarios autour de ce projet
qui verra le jour
dans l’atelier du CAR à Boulogne Billancourt
et sera aussi l’occasion de belles rencontres
et de journées mémorables entre copains.
Mais ceci est une autre histoire...
21:33 Publié dans Vie du trophée | Lien permanent | Commentaires (0)
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